Le festival international du film documentaire sur la ruralité se déroulera du 16 au 19 mai à Ville sur Yron. Il est organisé par la commune, le Foyer Rural de Ville-sur-Yron, avec le concours du Parc naturel régional de Lorraine et de l’Université de Lorraine.
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Le mot de Luc DELMAS, directeur du festival :
Ça bouge
Depuis 20 ans déjà les films que nous découvrons présentent un monde rural qui ne cesse de s’interroger. Le sentiment rapide qu’autrefois les perceptions de la campagne, notamment par les citadins, étaient assez simples, a fortement changé. La campagne intériorisée comme lieu de refuge demeure un sentiment fort, c’est certain, mais la campagne n’est plus seulement perçue comme un havre de tranquillité depuis longtemps. L’idée de la campagne heureuse méritait d’être corrigée et ramenée à un plus juste constat, puisqu’elle n’échappe en rien aux difficultés sociales, économiques et environnementales de notre cruelle époque, plus avide de rendements rémunérateurs que préoccupée du maintien des services de proximité. Longtemps marqués par une volonté de dénonciation de l’abandon de ces services publics, des pollutions agricoles, des déserts ruraux, les films ont ensuite opéré une présentation plus optimiste du monde rural, du moins d’un monde rural qui dit, n’accepte pas !
Certes, les documentaires continuent de présenter les méfaits de la recherche du profit sans vergogne, de les démasquer et de les dénoncer dans leurs conséquences néfastes pour la santé et pour l’environnement ! Mais voilà que s’affirment de plus en plus des documentaires optimistes, multipliant la présentation d’expériences visant à rompre avec les modèles dominants de production ou avec les politiques de désertification des territoires !
On pourra dire que le chemin est encore long ! Certes peu encore de signaux poussent à l’optimisme béat ! Mais ils se développent ! Oui les expériences sont souvent limitées localement et en nombre, mais ça bouge malgré un contexte général qui se durcit.
Les réalisateurs ne sont pas des candides et les expériences qu’ils pré- sentent ne sont rien d’autres que des appels d’air, des appels à la réflexion et à l’action. Ce sont des lanceurs d’appel à expérimenter d’autres méthodes de production et de distribution, à l’ouverture aux autres et à la résistance, à l’action collective et coopérative pour retrouver le sens du bien commun contre le chacun pour soi. Ils ouvrent l’œil de leurs caméras à l’émancipation des femmes des campagnes, agricultrices ou non, ils montrent que les gens se surprennent eux-mêmes dans leur capacité à coopérer et à accueillir les autres.
Et cette année, ils nous disent aussi que dans ces expérimentations diverses, au respect des hommes, s’ajoute le respect du cadre de vie. Leurs films soulignent ainsi le retour à une mise en œuvre des paysages quotidiens de vie et de travail. C’est l’affirmation que l’agro-écologie réveille le plaisir des yeux et qu’on peut à nouveau offrir aux regards et à la contemplation, des prairies fleuries mellifères, des forêts et des haies aux couleurs changeantes. En encourageant le remodelage des parcellaires à des dimensions plus humaines, et en favorisant les rotations régénératrices des sols et moins consommatrices de chimie, l’environnement campagnard revit. Loin des déserts humains de la campagne productiviste et des vastes zones vides et uniformes, voilà le temps d’une orchestration nourricière et paysagère plus humaine.